Bien qu’il existe un grand nombre de théories sur les styles d’apprentissage, il est important de mentionner d’entrée de jeu qu’elles sont un sujet de controverse. La communauté des sciences cognitives les considère comme ayant des fondements théoriques critiquables, voire même, qu’elles relèveraient des neuromythes. Alors comment expliquer l’intérêt pour ces théories par tant d’enseignants, de spécialistes de l’éducation et de chercheurs?
L’article de Steeve Masson¹ souligne que 96 % des enseignants dans les cinq pays sondés, dont le Canada, croient que les élèves apprennent mieux lorsqu’ils reçoivent l’information selon leur style d’apprentissage préféré (ex. auditif, visuel ou kinesthésique). Cependant, l’auteur souligne que très peu d’études ont été réalisées sur le sujet et que les résultats de ces études ne permettent pas actuellement de valider les théories des styles d’apprentissage. D’ailleurs, si vous désirez en connaître davantage sur les neuromythes, visionnez la capsule offerte par Steeve Masson en 2017 pour Partenaires pour la réussite éducative en Chaudière-Appalaches (PRÉCA) sur les neuromythes en éducation.
Dans un même ordre d’idées, une méta-analyse de la littérature scientifique écrite par Rousseau et ses collègues² arrive à des conclusions similaires. Cependant, les auteurs soulignent qu’« Il n’est pas exclus que le concept de styles d’apprentissage puisse avoir une portée pédagogique en dehors de l’hypothèse d’appariement (adaptation des méthodes didactiques aux styles d’apprentissage), quoique des démonstrations empiriques en ce sens soient encore nécessaire. » Serait-il possible que de futures études puissent venir appuyer l’utilisation des styles d’apprentissage comme ayant des effets bénéfiques pour certains types d’apprenants ? Les auteurs ne ferment pas la porte, mais pour l’instant ces théories sont toujours en quête de validation.
Maintenant, pour répondre à la question, est-ce que nous devrions prendre en compte les styles d’apprentissage dans nos approches ? Comme nous l’avons souligné, la science ne permet pas actuellement de dire qu’il y a un réel impact à adapter nos approches aux préférences (styles d’apprentissage) des apprenant.es. Cependant, le concept de styles d’apprentissage fait référence à des préférences, à des intérêts… Si on vous sert du navet dans un repas, mais que vous préférez les carottes au navet, vous aller quand même manger du navet, mais les carottes seraient bien plus attrayantes…
P.S. : Nous vous présenterons d’autres articles en lien avec la thématique des styles d’apprentissage dans les prochains résumés.
Références :
1 Masson, S. et Blanchette Sarrasin, J. Neuromythes et enseignement : connaître les mythes sur le fonctionnement du cerveau pour mieux enseigner. Éducation Canada. 2015; 55(3) : 32-35. labneuroeducation.org/s/Masson2015h.pdf
2 Rousseau, L., Gauthier Y. et Caron, J. L’utilité des « styles d’apprentissage » VAK (visuel, auditif, kinesthésique) en éducation : entre l’hypothèse de recherche et le mythe scientifique. Revue de psychoéducation. 2018; 47(2) : 409-448. https://www.erudit.org/fr/revues/psyedu/2018-v47-n2-psyedu04129/1054067ar/
Par : Francis Brière