Le pouvoir des croyances en supervision

Le présent texte s’inscrit dans une série de publications autour de certains thèmes de l’ouvrage de Steve Masson, Activer ses neurones : pour mieux apprendre et enseigner1. Aujourd’hui, nous nous intéressons à l’importance des croyances des stagiaires en leur propre capacité et au rôle crucial qu’ont les superviseur·e·s dans l’activation de leur plein potentiel. 

Croyez-vous que vos simples pensées puissent avoir une incidence sur la manière dont les gens se comportent?  Naturellement, la réponse qui vous vient spontanément en tête est « non », n’est-ce pas? Pourtant, comme l’ont démontré depuis déjà plus d’une cinquantaine d’années les psychologues Robert Rosenthal et Lenore Jacobson, il y a bel et bien un type de pensée qui se transmet d’un individu à un autre : les attentes de performance. C’est ce qui s’appelle l’effet Pygmalion.  

Pour en apprendre davantage sur les processus de cette prophétie autoréalisatrice, voici une courte capsule vidéo [en anglais]. 

Pour résumer le schéma ci-dessus, et en acceptant de transposer les constats des deux psychologues américains aux réalités de la supervision, on comprend que les attentes du superviseur, alimentées par ses propres croyances puis par celles de son stagiaire, ont une incidence sur les performances de ce dernier.  

Cultiver un état d’esprit dynamique 

Que faire, alors, s’il n’est pas possible de modifier nos attentes à l’égard du stagiaire, notamment parce que les critères d’évaluation du stage les régulent? Est-ce que la pensée magique ou des formules toutes faites à la « si tu veux, tu peux » permettent de relever ces défis? Assurément pas. 

C’est ici que le principe neuroéducatif « cultiver un état d’esprit dynamique », formulé par Steve Masson, professeur à l’Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire de recherche en neuroéducation, peut dénouer l’impasse. 

Comme on l’a vu, les croyances qu’entretient le stagiaire, qu’elles se traduisent par son sentiment d’auto-efficacité ou bien par le résultat qu’il appréhende à une évaluation2, ont une incidence élevée sur sa réussite. En outre, l’intime conviction d’être en mesure de s’améliorer afin de réaliser des apprentissages, donc de croire à la plasticité de son cerveau, y contribue également. Concrètement, comment cela se traduit-il?  

Attribuer le succès et la réussite à l’utilisation des stratégies efficaces et adaptées joue un grand rôle dans l’adoption de cette idée. Par exemple, la place faite à la rétroaction basée sur des faits, fréquente et idéalement immédiate en dit long au stagiaire sur votre vision quant à sa capacité à apporter les correctifs nécessaires, essentiels à son succès. Et surtout, cela permet d’éviter de strictement associer le succès et la réussite au talent. Il est en outre capital de considérer les erreurs comme des étapes incontournables de l’apprentissage afin d’éviter de stigmatiser l’échec.  

Dit simplement, cultiver un état d’esprit dynamique, c’est ajouter, à la phrase « je ne suis pas bon », le mot « encore ». 

Références : 

1Masson, S. (2020). Activer ses neurones : Pour mieux apprendre et enseigner. Odile Jacob. 256 p.

2Hattie, J. (2008). Visible learning. Routledge. 388 p.

Par Marc-Olivier Brassard

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